2010-2020 : un coup d'oeil en arrière

Quelques  jours avant que nous changions de décennie, j'ai eu envie de jeter un coup d'œil en arrière, de prendre la mesure de ce que cette décennie avait été pour moi ( comme j'en parlais à Amaury, il s'est promis de faire le travail aussi).


En janvier 2010, j'ai 32 ans, un petit garçon de 2 ans, un job difficile de RH en usine, une maison à vendre dans les Yvelines et un mari en recherche d'emploi dans une région qui n'est pas la sienne. Nous vivons à Lyon et profitons des Alpes au moindre jour de congé. Nous envisageons de faire notre vie là, dans la ville où j'ai grandi, à proximité des montagnes, de la Méditerranée, à proximité de mes parents qui y vivent depuis toujours ou presque. Je couds déjà, nous mangeons déjà bio et faisons partie d'une AMAP. Nous avons déjà une démarche de consommation réfléchie et modérée. Je suis enceinte de notre deuxième fils mais ne le sais pas encore, submergée par la fatigue de la fin d'année.

Quelques semaines plus tard, notre vie, tout ce que nous pensions être, vouloir, penser, vole en éclat avec l'annonce de la leucémie de Stanislas. S'ensuivent 26 mois d'hôpital et de chimiothérapie intensive, tunnel sans fin où les épreuves se multiplient, où chaque minute peut être la dernière. C'est un cauchemar seulement éclairé par la naissance de Gautier en aout 2010.

Puis en mai 2012, en quelques jours, Stanislas termine son traitement,  Amaury retrouve un emploi en région parisienne, je suis mutée, nous retrouvons notre maison des Yvelines, nous devenons une famille de 4 réunie en un seul lieu ( et non plus 2 équipes de 2 dont l'une vit à l'hôpital). 
Nous faisons comme s'il est possible de reprendre nos vies à l'endroit où nous les avions laissées en mars 2010. Mais nous nous rendons vite compte que le retour à la normale est impossible. L'épreuve de la maladie, la proximité de la mort, nous a profondément affectés.
Il n'est plus possible pour nous de vivre à Lyon, dans l'immédiat voisinage de l'hôpital.
Il ne nous est possible de travailler sans réfléchir à ce que nous voulons faire de nos vies, il ne nous est plus possible de ne pas s'engager auprès de ceux qui en ont besoin, pauvres, malades, personnes isolées ou fragiles. Il ne nous est plus possible d'avoir des rêves à long terme.
Il nous faut profiter des enfants au jour le jour, mettre en œuvre nos projets, avoir des vies alignées avec nos convictions. Il nous faut nous impliquer. Il nous faut vivre.

Je fais l'expérience de la progression professionnelle fulgurante pour me rendre compte que cette compétition ne m'intéresse pas. Je rejoins alors le monde associatif pour y constater que les salariés y sont encore plus en souffrance. Mais mon travail est utile. Je cherche encore d'autres façons de travailler, de contribuer. Amaury a trouvé un équilibre en travaillant à temps partiel.

En 2013, nous faisons le choix de scolariser les enfants dans 2 écoles distinctes afin que chacun puisse se réaliser. La pédagogie Montessori, la parentalité positive puis empathique, la communication non-violente, la pratique quotidienne du yoga, nous questionnent, nous secouent, nous font grandir. Nous prenons le tournant du zéro déchet en 2015 et du véganisme en 2016.
Nous achetons une petite maison en baie de Somme en 2013. Profitons de la beauté de la nature, du sentiment énivrant de liberté qu'on a sur les plages du Nord. Prêtons cette maison heureuse, souvent, aux amis ou aux inconnus qui ont besoin de faire une pause.

En 2015, Stanislas est guéri. Nous réunissons tous ceux qui nous ont entouré pendant cette épreuve pour une "fête de la vie". Et je mets un point final aux mains dans l'argile, le journal d'écriture du combat contre la maladie.

Nous voyageons beaucoup et autrement, grâce aux échanges de maison. Nous allons voir la famille et les amis à l'étranger avant de prendre conscience de l'impact des vols aériens sur l'environnement. Et décidons de partir faire un Tour d'Europe en famille, en 2019, 220 nuits sous la tente et 220 jours dehors.
Notre voyage, la vie à 4, les découvertes de ces 7 mois, sont une sorte de célébration juste et belle de cette décennie.

Vous avez fait réfléchi au bilan de la décennie? ou au bilan de l'année?
Rendez-vous début janvier pour lire mes intentions pour la prochaine décennie.




Commentaires

  1. Bravo pour cette rétrospective. J'apprécie très particulièrement que vous partagiez avec nous vos réflexions. Belle fin d'année à vous.

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  2. Ton post sur Instagram m'a fait réfléchir à la décennie passée... Bon, je suis au calme avec un thé comme je les aime, ça aide sûrement aussi. Nous avons commencé celle ci avec la construction de notre maison, nous sommes revenus dans mon village natal, à 10 km de celui de mon mari. Nous avons découvert que notre poupée est atteinte de ce que l'on appelle un handicap silencieux, à savoir une dyspraxie majeure qui la freine dans ses apprentissages mais elle se bat comme une lionne pour y arriver. Nous avons pris notre part de responsabilités dans notre paroisse mais aussi dans la vie locale. Nous cheminots doucement mais sûrement vers une vie sans déchets mais aussi plus responsable de l'environnement. Et enfin, pour ma part, je mûris mon projet d'autoentreprise qui verra sûrement le jour en 2020. Je pense que la décennie à venir sera sous le signe de la slow life, je crois que j'ai assez couru... Des bisous et je te souhaite de belles fêtes de fin d'année.

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  3. Quelle belle photo de vous 4 devant les montagnes.
    Merci de partager vos réflexions familiales ici, je prends toujours autant de plaisir à les lire !
    Ma belle-maman a adoré le livre de cuisine, merci mille fois :)

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  4. et tu n'as pas parlé de ton passage sur T&N ! pas forcément qqchose d'inoubliable, je ne sais pas ton ressenti, mais mine de rien une petite trace laissée qq part, un engagement aussi !! Si je fait mon bilan des 10 dernières années, il y a aussi bcp de changements ( mais pas aussi spectaculaires que la décennie précédente qui avait vu la naissance de nos 4 enfants, l'achat et la réno de 2 maisons et moults changements pro chez ma moitié, impactant la famille entière). Cette décennie fut chez nous celle des engagements plus silencieux : écologie et zéro déchet très nettement, vie simple et refus d'un engrenage métro-boulot-dodo sous la forme d'un maintien à temps partiel pour moi au bénéfice de toute la famille, engagements long terme dans des projets (T&N, échanges culturels au lycée, asso de parents à l'école des enfants), consolidation de qq rares mais fortes amitiés, approfondissement de ma vie créative dans des directions nouvelles ... un bilan pas très exubérant mais qui me ressemble quand même !

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  5. Pas encore de bilan ici. Je n'ai pas encore pris le temps nécessaire. Mais j'ai déjà la certitude d'être bien plus sereine et épanouie personnellement qu'en 2010, plus en phase avec mon vrai moi-même et donc plus à même maintenant d'amener ma pierre à l'édifice. Pour l'instant ma priorité absolue est l'accompagnement des enfants dans leur croissance, sur tous les plans. Et c'est déjà un beau challenge !

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  6. Un bilan permet toujours de voir le chemin parcouru et je crois que c'est important de savoir d'où l'on vient pour envisager où l'on souhaite aller.
    Je retiendrais cette phrase qui me touche beaucoup "Il nous faut profiter des enfants au jour le jour, mettre en œuvre nos projets, avoir des vies alignées avec nos convictions. Il nous faut nous impliquer. Il nous faut vivre."
    Merci pour ce partage.

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  7. Je n'ai pas encore trouvé le courage de faire ce bilan, ni de l'année passée, ni de ces 10 dernières années. Je sais qu'il s'est passé beaucoup de choses, mais pas que du positif. Il semble d'ailleurs que ce soit depuis que j'ai décidé de ralentir le rythme que tout s’accélère au niveau des changements positifs...

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