sœurs de cœur ; Моя сестра в серці - l'accueil d'une famille ukrainienne (3)

La première fois que j'ai parlé à O. , c'était tout début mars.

 Ces soirs là, on a conclu l'alliance la plus folle qui soit : permettre à ses parents, sa sœur et sa nièce, de fuir le tsunami de violence qui s'abattait sur l'Ukraine.

Elle s'est occupée de leur fuite ; j'ai pris en charge leur accueil. 

Depuis 5 mois, nous assumons ensemble la charge de ces 4 vies. 

Elle initie ; je mets en œuvre. Je commence, elle prend le relais. 

On se parle de petits riens, de nos difficultés et des épreuves surmontées. Pas de tabous, pas d'histoires partagées, pas de culture commune, pas de préjugés, pas de circonvolutions. On a presque le même âge, presque les mêmes diplômes. Entre nous, une alliance indefectible, une confiance sans bornes, la drôle de sensation d'être 2 versions d'une même personnalité. 

Je la trouve dure parfois. Elle me trouve redoutable. A la mesure des épreuves que nous avons traversées, l'une et l'autre et de celles que nous traversons ensemble. 

J'admire  sa force d'âme,  sa clairvoyance, son courage, sa voix qui se fêle quand elle parle de sa propre fuite en 2014, l'affection irradiante qu'elle a pour les siens. 

Peut-être qu'un jour prochain, la paix revenue en Ukraine, nous n'aurons plus l'occasion de nous voir et de nous parler. Peut-être que 10 ans, nous planifierons encore de grandes entreprises. Peut-être que nous reconstruirons l'Ukraine ensemble. 

Qui sait. 

Pour son anniversaire, j'ai voulu lui offrir quelque chose d'unique. J'ai choisi les délicats bijoux en argent de @kak_tam_anya (Anna Dementchenko) une artiste que j'admire depuis toujours, réfugiée en France elle aussi avec ses enfants. 

Un pour elle ; un pour moi en souvenir de ce mois de mars.

Et elle m'a écrit un mot pour me nommer sa sœur de cœur.