Je vous le murmure à l'oreille (je n'aime pas Noël)

Nous sommes début décembre et je sature déjà des Gif animés sur les emails, des guirlandes qui clignotent, du chocolat bon marché, de passagers du transilien les bras chargés de paquet...

Je fais partie des grincheux qui n'aiment pas Noël. Aussi loin que je m'en souvienne, Noël à été synonyme de tensions et de grincements de dents. C'était l'unique fois de l'année où l'on se voyait avec mes oncles et tantes,avec mes cousins et cousines. Le climat était incontestablement à la compétition. Je me souviens de l'année du manteau en vison de ma tante et de l'année de la Safrane de mon oncle,de l'année où mes cousins paradaient avec leurs appareils dentaires et leurs Levi's 501. Il y avait souvent de la méchanceté desinhibeé par l'abus de nourriture riche et d'alcool. Il y avait parfois des cadeaux anonymes et malveillants. Plus tard, j'ai retrouvé ce genre d'ambiance, bijoux étalés, nombre de zéros du bonus et "ton coach, qu'en dit-il",secrets de famille révélés. Il y a eu aussi les Noël à l'hôpital. Et le Noël où mon plus jeune frère a disparu. Il y a eu les Noël buissonniers, quand nous sommes partis à Malte, à Salzburg, dans le Velay ou dans le Cantal. Il y a eu des Noël radieux de simplicité. Il y a eu des Noël avec des bougies et des branches de sapin,des Noël sans cadeaux ou presque. C'est de notre faute aussi, nous qui restons fidèles à la sobriété, à la modération, nous qui refusons la cruauté (que ce soit pour la viande ou pour les produits exotiques dont la production repose sur l'exploitation de populations). "franchement, vous n'êtes pas drôles. On ne peut plus rien dire. On ne peut plus rien faire. Et d'ailleurs, c'est la faute des veganes si les agriculteurs se suicident. Et les féministes, franchement elles en font trop, c'est ridicule". C'est de ma faute aussi ; j'ai horreur des décorations de Noël. J'aime pas le rouge,les chansons de Noel et les trucs qui clignotent. Avoir des objets dédiés à ce seul jour me heurte. Je crois que nous attendons tous trop de Noël. Nous aimerions que ce soit un moment de paix et d'amour inconditionnel. On voudrait que les autres lisent au plus profond de nous,qu'ils répondent à nos besoins cachés (même ceux dont on a pas conscience). Autant dire que c'est l'échec assuré. Je milite donc pour que le 24 (comme le 31) décembre puisse aussi être un jour ordinaire, un jour dont on attend rien. Mais comme Amaury aime plutôt Noël, c'est encore un peu plus de tension. Cette année, nous avons lancé une invitation pour un goûter dans le jardin autour d'un feu de joie le 24 décembre à 16h. Nous avons invité les naufragé.e.s de Noël, les expatrié.e.s loin de leurs familles, les divorcé. E. S privé. e. s de leurs enfants... Au plus profond de la nuit la plus longue de l'hiver, on mangera des biscuits trempés dans une infusion aux épices, on grignotera du chocolat, on entretiendra notre invincible été. Et chez vous, Noël, c'est comment ?