Rentrer ou rester, la vie à pile ou face : l'accueil d'une famille ukrainienne (2)

Quatre mois déjà, du temps suspendu pour certains ou le démarrage douloureux d'une nouvelle vie pour d'autres. 
Les "réfugiés ukrainiens" ne sont évidemment pas un ensemble homogène. Tous ne viennent pas de la même zone géographique, tous n'ont pas vécu la même expérience de la guerre, chacun véhicule sa propre histoire.

Quatre mois après leur arrivée, certaines ont été contraintes de démarrer, coûte que coûte, une nouvelle vie. Parce que leur ville a été réduite à néant, parce qu'elles sont sans nouvelles de leurs maris, parce que leur famille a été tuée... Pour ces femmes, l'essentiel est de s'enraciner, de retrouver vite de l'autonomie, un travail, un logement fixe. D'être accompagner dans ce grand traumatisme, de nouer des liens. Pour les enfants, cette nouvelle vie se construit à l'école.

Quatre mois après leur arrivée, certaines vivent toujours dans un temps suspendu, entre 2 vies, à attendre que la situation se stabilise. Leurs villes sont relativement sûres, leurs familles sont restées en Ukraine, leurs collègues travaillent en présentiel. Pour ceux-là, l'été est l'heure du choix. Rentrer ou rester ; rester ou rentrer. Rentrer chez soi ou créer un autre chez-soi. Rester pour quoi ? Rentrer pour trouver quoi ? 
Vivre avec ce choix, en accepter les conséquences potentielles. Prendre le risque de fuir à nouveau. 

Nous en parlons souvent. Pas tous les jours mais presque. Et quand mes amis ( мої друзі en ukrainien) me demandent ce que je pense, je réponds que leur choix sera le bon choix. Que je les aiderai qu'ils choisissent de rentrer ou de rester. 

Chaque soir ou presque, une décision est prise, presqu'irrevocable. Et le matin nous amène des nouvelles affreuses, une pluie de missiles, destructions et atrocités. 

Alors, on laisse les jours s'écouler, l'été se présenter. Rentrer ou rester ; rester ou rentrer. 

Commentaires

  1. La famille qui était accueillie dans mon village est rentrée à Kiev. Elle regrette: les bombardements ont repris le lendemain de son retour. Elle songe à repartir… difficile choix.

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    1. C'est un choix terrible. J'accueillerai immédiatement une autre famille que je connais si ma famille part alors ils savent que l'éventuel re-retour en France serait très compliqué

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