Soyez le changement- miscellanées sur la reprise d'études ( herbalite à l'Ecole des Plantes Médicinales de Lyon)

Voyager pendant plusieurs mois, c'est avoir le temps de réfléchir à sa vie, sa vie privée, sa vie professionnelle. La passée, la présente, la future. Aux cœurs des forets baltes, bouleaux, pins sombres et myrtilles, l'idée de reprendre des études s'est imposée à moi.



Je m'intéresse aux plantes comestibles et médicinales depuis mon adolescence. Je passe une immense partie de mon temps de travail de DRH à écouter et à chercher les meilleures solutions pour que les salariés soient mieux au travail. Je pense que les décennies à venir vont voir le recul du "tout médicament" pour le bien-être et la santé ( notamment parce que le recul de la biodiversité a pour conséquence direct la moindre disponibilité des substances végétales dont sont faits les médicaments). Ces considérations, entre autres,m'ont conduites à m'inscrire à l'Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales.

Première observation :
Je me suis inscrite fin juillet, depuis les pays baltes, portée par la force tranquille du voyage.
Et puis fin aout, quand le quotidien nous a rattrapés et que les interrogations extérieures sur le fait que je puisse cumuler boulot, études et famille ont commencé à pleuvoir, j'ai douté. Je crois que si j'avais attendu notre retour pour m'inscrire, je ne me serai pas inscrite. La peur de ne pas pouvoir tout faire l'aurait emporté.

Deuxième observation :
Reprendre des études, c'est dur. Le programme s'ouvre sur une bonne dose de physio-pathologie, sur le fonctionnement des cellules, sur l'ADN et le génome. Si, comme moi, vous êtes enfant de la fin des années 1970, le programme de Sciences de la Vie et de la Terre du lycée est lointain voire nébuleux. Il faut reprendre cahier et surligneur, faire des fiches et des schémas et essayer de retenir tout ça. Bonus collatéral : nos fils trouvent très drôle de m'entendre ronchonner parce que je n'y arrive pas et viennent volontiers s'asseoir à coté de moi pour m'aider ou pour travailler.

Troisième observation :
Dans mon entourage amical et professionnel, je constate que les femmes reprennent plus souvent leurs études que les hommes. Même lorsqu'elles disposent déjà d'un diplôme confortable ( de même valeur ou de réputation supérieure à celui de leur conjoint). Cela m'a conduit à m'interroger et à vous interroger sur Instagram.
On s'est dit que, sans généraliser :
- les femmes se souciaient plus d'avenir et étaient plus sujettes à la précarité. Qu'en reprenant leurs études et en multipliant les diplômes, elles luttaient contre ce risque là.
- les femmes étaient plus sujettes au "syndrome de l'imposteur " ( douter de ses capacités envers et contre les faits) et que la société exigeait souvent plus de preuves de leurs compétences. Qu'obtenir un diplôme sanctionnant nos connaissances était une forme de réponse, tant pour soi que pour les autres.
- les femmes étaient en général plus douées pour les études. Que reprendre des études ne les effrayait pas ( les réjouissait?).
- les femmes, supportant la plus grande partie de la charge du foyer, avaient plus l'habitude de mener plusieurs taches de front.


Avez-vous des questions sur ma reprise d'études? ou des considérations plus générales sur reprendre des études en milieu de carrière?

Commentaires

  1. Ma maman a commencé ses études à 37 ans il y a 35 ans avec 3 enfants. Je suis très admirative de cet effort que font les personnes qui se replongent dans un mode d'apprentissage différent de ce qu'on fait quand on est dans la vie active. Je ne doute pas que tu parviennes à tout mener de front !

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  2. Moi j'ai eu la chance de pouvoir recommencer des études à 49 ans. J'ai adoré. Il a fallu retomber sur terre après, quand j'ai cherché un boulot ; être junior à 50 ans ça n'intéresse pas les entreprises. J'ai fini par trouver et au quotidien, j'ai du mal à accepter ne pas tout savoir, mais c'est un soulagement après un travail dans lequel j'étais mal. Il a quand même fallu faire le deuil du travail que j'avais encore avant que j'ai perdu à cause d'un plan social. J'ai vu autant d'hommes se reconvertir.

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  3. Quand on entend que c'est la faute de la femme si elle ne gagne qu'un smic, qu'elle n'avait qu'à bien travailler à l'école et ne pas divorcer, il n'est pas très étonnant que les femmes aient tendance à chercher à multiplier les diplômes (quand elles le peuvent!). Je te félicite en tous cas et j'aime imaginer la mine réjouie de tes enfants te regardant surligner tes cours!

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  4. C'est vrai, les femmes ont souvent le syndrome de l'imposteur et c'est bizarre puisque imposteur n'a pas de féminin...
    Quand j'ai voulu reprendre mes études de droit pour actualiser ma maîtrise, mon mari m'a convaincue de ne pas le faire avec l'argument des "éternels étudiants sont des adolescents attardés", j'ai eu le grand tort de faire confiance à son jugement, c'est une très bonne idée de reprendre des études, c'est une bêtise de ne pas le faire et c'est un outil parfait d'éducation par l'exemple pour ses enfants. Maintenant, le challenge est dur, courage !

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  5. J'avais vu ton message sur instagram, mais je voulais y réfléchir et je n'ai pas pu y répondre, je suis contente que tu en parles ici.
    J'ai passé l'année dernière un CAP en candidat libre, en travaillant à 100%. Mais j'avais la "chance" d'avoir un mari à domicile une grande partie de l'année. Même si ça n'était qu'un CAP (en couture), ça m'a demandé un grand investissement en temps et en énergie, malgré mon BAC+5 et mes 18 années dans l'architecture .
    Dans ton poste instagram, tu soulignais le fait que 90% des personnes qui reprennent des études en travaillant sont des femmes. Pourquoi si peu d'hommes le font ? C'est vrai, cette année, c'est mon mari qui reprend des études, mais il n'a plus d'emploi et se forme à temps plein pour préparer son CAP, quand je me levais tôt et me couchais tard pour en faire autant.
    C'est un hasard de calendrier pour nous, et puis parce qu'il est plus facile de faire ronronner une machine à coudre à 22h, qu'une scie circulaire! ;-)
    Mais plus sérieusement, je crois qu'on nous fait déjà tellement porter la culpabilité de nos absences de grossesse, d'enfants malades, de nos vies de femme et de mère, qu'on ne s'autorise pas à demander, en plus, du temps pour se former.
    Les hommes ne se posent pas se genre de question...

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  6. Bonjour Lathelize, merci pour ce temoignage encourageant, courageux et porteur d'espoir. Est-ce une formation pour une reconversion professionnelle ? pour exercer le metier d'herboriste ? Est-ce en presence physique ou par correspondance ? Cette formation vous permet-elle de poursuivre votre travail en meme temps ? Qu'en est-il du profil des autres eleves ? Je suis curieuse car je suis moi meme tentee de me relancer dands les etudes... mais je suis freinee par des considerations materielles, financieres (securite de mon emploi actuel, assurer les besoins de la famille, financer les etudes, rembourser le pret immobilier, ...). Mon conjoint a franchi le pas avant moi et devrait reussir a stabiliser sa situation d'ici 3 ans. Je trouve le commentaire de Solenne tres juste sur la culpabilite des absences de grossesse, les vies de femmes et de meres... pas facile de tout conjuguer. Merci et courage !

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