courir le monde - la seule conséquence du départ, c'est le retour

Lorsque nous avons annoncé notre départ, certains esprits chagrins nous ont aussitôt prédit le chômage longue durée au retour, l'échec scolaire voire la marginalisation des enfants, la destruction par incendie ou le squat de la maison....



Si je pense que ces phrases ne reflètent que les peurs de ceux qui les énonce, il y a quand même une conséquence du départ...c'est le retour!

Le retour n'est ni agréable, ni désagréable ; il correspond à la fin d'une aventure et au début de mille autres. C'est une période de transition.

Nous avons retrouvé notre maison et le confort matériel. Des sanitaires privés. Un four. L'eau courante pour faire la cuisine. Le silence qui m'avait tant manqué.
D'autres choses nous ont paru superflues et nous les avons donné ou mis aux encombrants lorsque leur état était médiocre. Un congélateur. Des vêtements. Le salon de jardin. Des trottinettes....
Nous avons constaté qu'en vivant dehors, nous n'avions jamais froid. En travaillant dans la maison, il n'est pas rare que je finisse la journée en grelottant.
Pendant le voyage, nous avons beaucoup discuté de ce que nous voulions pour l'après-voyage. L'une de nos envies était de réinvestir notre jardin devenu au fil des années aire de jeu plus que jardin avec trampoline, portique, plus de ballons que de fleurs, plus de terre que d'herbe. Nous avons donc commencé par démonter le portique, par réduire l'épaisseur monstrueuse des haies, par nous inscrire aux ateliers permaculture proposés par notre Biocoop.

Ce qui est un peu difficile aussi, c'est de retrouver les normes sociales auxquelles nous avions tourné le dos délibérément et les contraintes de nos vies du XXIème siècle.
Prévoir les rendez-vous chez l'orthodontiste. Mettre des chaussures de ville. Reprendre le rythme école- métro-boulot-dodo. Ne plus voir les enfants. "Et que font les enfants comme activités cette année?" (rien et c'est leur choix!). Rattraper 7 mois de courrier. Changer l'assurance. Changer de forfait téléphone. Faire réviser la voiture. Aller aux réunions organisées par l'école. Se mettre en quête d'un emploi.

En fait, partir est un jeu d'enfants. Revenir est un jeu d'enfants. On retrouve chemins familiers et routines. Ce qui est compliqué, c'est de rester fidèle au soi qu'on a mis au jour en voyage, de garder vivants les rêves et les promesses, de travailler au futur.





Commentaires

  1. Quels beaux mots. Merci. Je suis une trouillarde du départ, j'ai toujours hâte du retour. Votre belle aventure m'a donné envie d'en vivre une avec autant de liberté. J'espère un jour avoir l'audace nécessaire.

    RépondreSupprimer
  2. Comme c'est intéressant.
    Je note ta remarque sur le silence : pourtant j'avais l'impression que les campings que vous choisissiez avaient l'air plutôt calmes. Est-ce les séjours en ville qui sont plus difficiles ? Le bruit est quelque chose qui devient vite insupportable pour moi : comme si j'avais un quota de décibel quotidien et une fois qu'il est atteint c'est presque insupportable. Certaines fois j'en viens à me boucher les oreilles et je porte souvent des bouchons qui atténuent le bruit comme en concert… Je crains que cette sensibilité ne s'aggrave avec le temps…
    J'adore partir et je crains toujours le retour. On est vite envahi par ce quotidien que tu décris (courrier, assurance, orthodontiste, activité, etc.), ça prend tellement d'énergie. Le grand voyage que vous avez fait me semble une parenthèse très salvatrice.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quand tu dors sous la tente ( ca doit être un peu différent en van), même dans le plus calme des campings, il y a toujours du bruit ( les chiens, le vent, le ressac...). Je me suis rendue compte à cette occasion que le bruit permanent me gênait plus que le froid permanent. Et j'ai dormi chaque nuit avec des bouchons d'oreilles!

      Supprimer
  3. Nous sommes tous en transition perpétuelle. Enfin, c'est ce que je souhaite à chacun!!!!
    Ici aussi, après des années à laisser l'homme gérer bcp de choses, je prends ma part à la faveur d'un nouveau quotidien. Septembre est une plaie pour ça... on compte plus de réunions et de rendez-vous que le calendrier ne compte de cases.
    Ce matin, à la faveur d'un réveil très matinal (bien avant que le réveil ne sonne), je me suis demandé comment tu dors désormais. J'ai souvenir de te lire avec des réveils à 5h00 ou 5h30 pour une séance de yoga avant de filer prendre un train, tout cela après parfois des nuits hachées ou blanches.
    Comment avez-vous dormi durant ce voyage? As-tu pu retrouver un sommeil plus serein et réparateur? Je te le souhaite, c'est tellement important...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Passées les 5-6 premières semaines d'adaptation et hormis les nuits en airbnb où nous étouffions, nous avons bien dormi pendant 7 mois. Ton corps finit par s'habituer à la raideur du sol et à la brusque chute de températures autour de 4h30 du matin. Depuis que nous sommes rentrés, le stress, l'angoisse, ou juste une tache à faire oubliée, nous réveille régulièrement!

      Supprimer
  4. Oui j'imagine que c'est le plus difficile * rester fidèle à ce que nous sommes devenus, à ce que nous avons appris d'une telle expérience. Il faut retrouver le juste équilibre. Tout est sans cesse à réinventer.

    RépondreSupprimer
  5. Tes mots sonnent très juste, et je trouve que dans la routine du quotidien j'ai parfois tendance à me perdre pour endosser mes différents rôles sociaux. Je te souhaite de parvenir à rester aligner avec toi même

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ( ça demande de l'énergie et même parfois du courage!)

      Supprimer
  6. oh que oui..... à notre petite échelle de voyage, nous avions pris certaines résolutions et de beaux exemples de vie dans d'autres pays.....mais nous nous sommes rapidement fait rattraper par notre société de consommation, de besoin de toujours plus, de stress, d'administratif. Quand on y pense, on voudrait repartir, plus longtemps, et nous contenter des paysages, des sourires et des ambiances

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés