Courir le monde : fêter la Pâque orthodoxe en Bulgarie

Nous voulions fêter Pâque orthodoxe, en Grèce, dans un petit village du Pélion. Mais une fois franchies les montagnes par des routes étroites et vertigineuses, nous avons découvert que tout, vraiment tout, était fermé et avons fini, uniques clients, dans un chaleureux hôtel familial où le poêle tournait encore à plein régime.



Nous avons donc mis le cap sur la Bulgarie avec une bonne semaine d'avance. Nous avons planté le camp dans un joli coin de campagne tout proche de Melnik.
Routes de terre, maisons de torchis patinées par le temps, vignobles et serpent impressionnant sur la route, soleil brûlant, nous avons tout de suite été dépaysés.
Pour les orthodoxes, les fêtes de Pâques s'articulent entre le vendredi et le samedi soir minuit où le Christ ressuscite.



Le samedi, alors que nous nous appretions à dormir, le vent nous apporte bribes de musique et applaudissements. La fête se tenait dans le village voisin. Frontales allumées, nous voilà partis à pied dans la nuit noire en nous repérant au bruit. Et puis sur la route, on distingue des silhouettes endimanchées, personnes âgées, famille et ados qui cheminent vers l'église et la place.
Sur la place, on joue de la musique et on danse. Chacun va et vient, essentiellement des femmes, des enfants et quelques messieurs âgés. Les hommes sont assis plus loin dans la pénombre et discutent. Chacun a un moment ou un autre entre dans l'église, se recueille, allumé un cierge et ressort. Et puis, à un moment, on s'oofre des œufs teintés de pourpre.



Le dimanche de Pâques (comme pour la Saint Georges le 6 mai) se tient traditionnellement un tournoi de lutte. Il y avait cet après-midi là sous le platane pluricentenaire, 3 musiciens roms, 2 arbitres et un juge, une chèvre pattes en travées en guise de gros lot, un cercle tracé avec des cordes, des familles, des adolescents et tout ce que le coin comptait de vieux messieurs.
D'abord, tractations et discussions, les participants se déclarent ou renoncent, encouragés ou bousculés par leurs clans. Ensuite, au rythme du jazz manouche, les combats commencent. Les lutteurs se jaugent puis s'attrapent, prises et contre-prises. Parfois tombent à terre et se relèvent vite avant de se retrouver plaqués au sol. C'est tactique et technique. Les forces semblent équilibrées avant que le juge ne donne une échéance. En une seconde, le plus fort bondit et prend le dessus.
Les bières de l'assemblée se transforment en vodka. Et nous décidons de rentrer au camp.

Le lendemain, alors que nous nous promenons, une vieille dame nous hèle depuis sa fenêtre. A grands renforts de geste, elle nous fait signe d'attendre, disparaît et revient avec des œufs rouges pour les enfants. Puis se ravisé, disparaît de nouveau et revient avec une poignée de bonbons pour chacun.

Ces fêtes de Pâques, dans le minuscule hameau de Kromidovo, restera un joli souvenir, permis par le temps long du voyage.

(un chouette camping avec un tipi et quelques chambres , avec de réelles préoccupations environnementales: le camping Kromidovo, créé par un couplé d'anglais John et Sara)

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