Réussir son projet de vie - 12 mois comme DRH d'association


Vous commencez à me connaitre, je ne finis jamais de questionner mes choix, de penser au projet suivant ou de rallier la vallée d'après. Un an après mon changement de boulot, j'ai eu envie de faire un bilan ( et je l'avais promis à quelques curieuses ici).



Rappel des faits :
A la fin de l'été dernier, j'ai quitté un job que j'aimais, le poste de Directrice de la Formation d'une très grosse entreprise. J'étais vraiment très bien payée ; je travaillais un jour par semaine depuis chez moi.
Vous pensez que c'était l'idéal? Je vous répondrais que je ne supportais plus le contexte de l'activité ( la grande distribution) et sa vocation finale ( l'ultra-consumérisme). Que je faisais 3h40 de trajet chaque jour. Qu'en 18 mois, je n'ai eu aucune discussion sympathique et que j'avais fini pour courir tous les jours à l'heure du déjeuner pour éviter de me retrouver face à mes collègues.

Le pari, c'était de rejoindre une institution portant des valeurs dans lesquelles je me retrouvais. J'espérais rallier le monde associatif. Je cherchais plus proche de chez moi pour avoir maximum 2 heures de trajet par jour. Je rêvais évidemment d'avoir des collègues et une équipe sympas.
Pour cela, je savais qu'il fallait que je revienne à un job moins chouette et plus généraliste , bref que je retrouve un poste de DRH.  Je savais aussi que j'y laisserai une partie de mon salaire. Exactement la moitié pour être précise.

Je ne vais pas vous apprendre que le poste de DRH est un poste très sensible aux variations de l'activité comme aux variations politiques. Qu'il est l'inconfortable pivot entre les salariés et l'Institution.

En un an, j'ai beaucoup appris. J'ai découvert l'univers de l'enseignement. Je travaille, à une toute petite échelle, à l'intérêt général.
Je travaille de toute ma personne à trouver les meilleures solutions pour les salariés comme pour l'Institution, en toutes circonstances.
La charge de travail est colossale. La charge mentale est colossale.
Je rentre trop fatiguée le soir pour être attentive à mes amours, trop exténuée pour envisager autre chose qu'aller me coucher dans les plus brefs délais.

Je me suis rendue compte que le bilan que je faisais de ces 12 mois est plutôt sombre. Que j'avais rêvé un changement de vie et que j'avais trouvé un changement de poste et d'employeur. Que j'avais espérer trouver une vraie richesse intellectuelle compensant la perte de richesse matérielle. Or le quotidien est si prenant que je n'ai pas le temps de penser, de réfléchir ( et encore moins de rêver).

J'ai pris mon courage à deux mains.
J'ai dit à mes 2 chefs que je n'étais pas satisfaite de la manière dont les choses se passaient et que j'estimais qu'ils n'avaient pas respecté leur part du contrat ( ils m'avaient fait venir pour un projet, pas pour seulement gérer l'hyper quotidien).
J'ai demandé des moyens pour que nous puissions faire notre travail dans des conditions correctes (en maniant avec douceur la menace d'une paie fausse).
J'ai posé une échéance. A la fin 2017, les choses devaient avoir substantiellement changé faute de quoi je partirais.

J'ai obtenu du renfort.
Et je vous donne rendez-vous fin 2017 pour un bilan à 18 mois!

Commentaires

  1. La charge transparait pas mal dans ton IG, vu de loin on a l'impression que tu ne t'y trouvais pas. Je suis contente de lire que tu as pris ton courage à deux mains. ce n'est pas une mince affaire. J'espère de tout coeur que tu trouveras un meilleur équilibre avec le renfort obtenu ...

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    1. j'espère aussi! Rendez-vous dans 6 mois ( et dans 14 mois le grand départ)

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  2. Le bilan à 18 mois m'intéresse ! En espérant que ton renfort soit rapidement opérationnel alors 😀
    Dans mon boulot, je rencontre pas mal de DRH... Et je vois surtout des services RH sous dimensionnés à qui on fait comprendre qu'ils ne sont qu'un centre de coûts...
    J'imagine que tu as un autre projet derrière la tête au cas où ça ne soit pas concluant mais c'est vrai qu'on a ressenti ta désillusion. Le milieu associatif a ses propres difficultés, et notamment parfois le fait de sous prétexte qu'on "travaille pour la bonne cause" imposer des conditions de travail épouvantables.

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    1. "le fait de sous prétexte qu'on "travaille pour la bonne cause" imposer des conditions de travail épouvantables" ------ Voilà, c'est exactement ça !! Je travaille dans un hébergement d'urgence accueillant des personnes sans-abri et sans pathologiques chroniques ( cancers, sida, tuberculose non contagieuse, etc). En l'espace d' an et demie seulement, déjà 8 décès ! Avec accompagnement lors des obsèques ( c'est dans ce centre que j'ai vu un mort dans un cercueil pour la première fois de ma vie ! ). Mes collègues, présents depuis 20 ans dans cette structure, en ont vu passer des personnes décédées ou, quand elles sont vivantes, dépérir physiquement à cause de la chimio ( et moi aussi, maintenant).

      J'ai demandé à ce qu'on ait au moins un psy pour le personnel pour pouvoir évacuer.
      Réponse : y'a pas d'argent.
      J'ai demandé qu'il y'ait au moins un psy pour les résident.e.s, dans ce cas. Réponse : ya pas d'argent.

      En désespoir de cause, j'ai demandé à ce qu'il y'ait au moins un groupe d'analyse de pratiques pour nous, le personnel, au moins. Réponse : y'a pas d'argent et : " Ça fait depuis 20 ans qu'on fonctionne sans. Alors, pourquoi le besoin, maintenant ?"
      Je passe désormais pour la-faiblarde-de-service-pas-suffisamment-taillée-psychologiquement-pour-bosser-dans-le-social.

      Ironie du sort, chaque fois que je vais en journée de formation, que je rencontre d'autres collègues dans d'autres structures ou des professionnels du secteur, et des psys entre autres, ils sont d'accord avec mes propositions.

      Ah, mes collègues ont demandé une prime de risque mensuelle, sorte de compensation financière pour récompenser la pénibilité du métier. Devinez la réponse ?

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    2. Liberty riveter, ma pauvre! Et un groupe inter association? moi, je voudrai créer un groupe de soutien de DRH?

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  3. Comme quoi, je suis passée complètement à côté, tu m'inspires, je trouve que tu as toujours des projets, des réflexions, des idées, une envie d'améliorer.
    Enfin en tous cas, c'est toujours un plaisir de te lire (sauf si j'aurais préféré qu'ici le bilan de ces 12 mois soit plus positif pour toi).
    Je me suis donnée un an aussi pour changer de voie, pour devenir artisan dans une grande entreprise, diviser mon salaire par deux aussi (on est au smic au final), j'ai fait ce choix par passion de la maroquinerie, mais rendez-vous dans 11mois pour voir le bilan professionnel et personnel, we'll see ;)

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    1. Ohh, quel joli projet! Je te souhaite beaucoup de réussite!

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  4. Je me souviens de ton enthousiasme à la perspective de rallier le monde associatif et l'enseignement, de ta joie de travailler plus près de chez toi et dans un très beau quartier de Paris, de ton plaisir à l'idée de gagner 2 heures de plus par jour pour toi et ta famille. Et comme je te suis sur IG, j'ai vu que tu mettais des messages le matin pour te donner l'énergie d'affronter des journées dont tu savais qu'elles allaient être terribles, tu cours le midi pour évacuer le stress et tu as commencé à vouloir trouver 3 bonheurs par jour. Je me suis dit que les choses ne se passaient pas aussi bien que tu l'avais espéré.
    Nous ne nous connaissons pas et je ne voudrais pas te heurter, ni te donner l'impression que je porte des jugements (ce n'est ni mon genre, ni mon but), mais tu n'as pas l'air de t'épanouir dans ton boulot. J'ai déjà vécu cette situation et je sais à quel point cela peut être accablant. J'espère que la mise au point avec tes chefs aura des effets positifs rapidement.
    Mais si les choses ne s'amélioraient pas ( scénario à envisager, on est dans le monde du travail), accroche toi à ton voyage. Tu pars dans un peu plus d'un an avec ta famille et j'espère que cette parenthèse te permettra de trouver ce qui te correspond vraiment.
    Tu m'as l'air d'être une personne douce, simple, bienveillante, généreuse et terriblement exigeante envers elle même. Si je peux me permettre un seul conseil : accorde toi à toi même un peu de cette douceur et de cette bienveillance, tu le mérites.

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    1. Aurore, tu as très finement analysé la situation. Merci pour ton mot, très réconfortant. Je t'embrasse

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  5. Alors, Ron ancien boulot,à mes yeux, ne paraissait pas idéal. Mais celui ci non plus, d'après ce que tu dis. Pour être honnête, depuis que je te suis,j'ai l'impression que tu fais un travail qui est très loin de ta vie simple et engagée. Ce n'est pas un jugement, juste une impression de loin.

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  6. Effectivement, sur IG après chaque pause "vacances" on te voit gonflé à bloc... puis au fil des semaines ton énergie s'amenuise, pour arriver à plat... aux prochaines vacances.
    J'ai un BAC+5 en RH... je n'ai pas pu y travailler ou pas voulu peut être. J'ai des horaires hyper cool... mais depuis quelques temps je pense être en BORE OUT... c'est un comble. je veux partir, mais je n'ai pas d'appuis financiers derrière (je suis fonctionnaire). J'ai fait comme toi, je suis allée voir mon Directeur, je lui ai dit mon malaise, mon envie de "chef je veux des missions où mon cerveau travail, je veux être nourrie de mes missions"... je n'ai rien eu, à part un panneau "Anaïs vous ne faites rien c'est ça ? ranger les archives".
    Hier, je me suis rendue compte que je travaillais depuis 11 ans, qu'il m'en restait 30 au moins à faire. Le triple de ce que j'ai déjà fait ??? dans ses conditions ??? non, impossible, je vais faire une dépression.
    Je suis comme toi, j'attends les vacances pour avoir du temps de qualité, du temps choisi. Mais attendre toujours ses jours OFF n'est plus la solution, non.

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    1. oups... v'la les fautes d'ortho... la passion du clavier l'a emporté... un Bescherelle vient de mourir ! LOL

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    2. Anaïs, il faut qu'on fasse quelque chose avant d'être aigries racornies! On y pense pendant les vacances et on s'en reparle?

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    3. Lathelize, un premier bilan, c'est presque le plus dur de fait (établir le constat), ensuite, tu verras à 18 mois si ça prend le bon chemin .... Je te souhaite vraiment que tu trouves un meilleur équilibre. Un bon thermomètre de notre bien être au travail est notre entourage perso. Ils nous connaissent bien, connaissent nos aspirations, et voient parfois d'un oeil plus lucide que le nôtre quand le boulot nous bouffe ou nous abîme. S'ils nous soufflent qu'il est temps de changer, il faut leur prêter une oreille attentive. En tout cas, c'est ce que j'ai vécu cette année et ton récit à vraiment fait écho pour moi. Mon conjoint à passé un an à me dire, ton taff te plaît pas, attend pas une amélioration qui tombera pas du ciel, change. Au final, c'est un PSE qui m'a mise dehors, un mal pour un bien. Mon nouveau boulot me correspond mieux. Je m'y sens moi même (si simple mais si important). Ensuite rien n'est parfait, mais l'équilibre est bon (en ayant vécu des mauvaises situations pro, on sait mieux ce dont on a besoin ensuite), enfin à mes yeux et pour l'instant....

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    4. merci pour ton mot ! l'équilibre est un art difficile!

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    5. On pourrait s'imginer tel un funambule portant sur ses épaules une large perche : d'un côté chargé d'une vie pro, et de l'autre une vie perso😊 si tout est trop chargé, ça marche pas, si l'un pèse plus que l'autre ça nous déséquilibre... Bref, comme tu le dit un art délicat où on se réajuste en permanence, tout en continuant d'avancer....😌

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  7. Je t'ai vu également te désenchanter au fil des jours et des semaines. Tu as commencé ce travail avec un enthousiasme très élevé. Mais cela m'a beaucoup questionné...Notamment en terme d'horaire, d'amplitude horaire. Dans mon boulot, la prevention des risques, je ne néglige jamais les forts cumuls horaire car ils annoncent toujours un probleme (fatigue, charge de travail mal evaluée, burn out, éloignement de sa vie personnelle...). Si tu as un préventeur dans ta structure (ce dont je doute fort) tu peux demander une analyse de poste (en terme HSE). Sinon, tu peux essayer de la faire toi-même mais c'est beaucoup plus difficile.
    Je crois que tu es trop enthousiaste et que le monde du travail, quel qu'il soit ne sera jamais à la hauteur de tes espérances. Le monde du travail s'est durci, est devenu inhumain. Et, a mon avis, ce n'est pas en voulant en faire toujours plus que tu réussira a équilibrer ta vie (esprit yoga es-tu là). J'ai un boulot difficile mais j'ai la chance d'avoir des horaires cool et beaucoup de congés. Pour moi c'est très important. Je sais que mon boulot (et cela même si je change d'entreprise) ne sera jamais idéal. Il est intéressant, je ne m'ennuie pas (et c'est déjà énorme), il est difficile mais j'ai appris cette année a être toujours moi-même et a ne pas mentir (ces petits mensonges sociaux du travail !). Je ne me sens pas toujours à l'aise vis-a-vis des salariés en souffrance mais je sais et je dis que je les aiderai pour ce qui est dans mon pouvoir mais que certaines choses me dépassent. Je ne culpabilise plus de ne pas réussir a convaincre ma hiérarchie. Le vrai pouvoir au travail doit être à la fois hiérarchique, financier et décisionnel. Ce que je n'ai pas. Et visiblement toi non plus. Courage. Et ne te laisse pas absorber, engloutir par ton travail, ta vie personnelle a besoin de ton temps....

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    1. Coucou Myriam, merci pour ton message très posé et serein et complet et bienveillant. J'ai de toutes façons un horizon à janvier 2019! Et ensuite, au retour, on verra

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  8. Effectivement, on sent que tu en fais beaucoup (trop?) et que tu étires le temps au maximum. Je me demande vraiment s'il est possible d'aimer travailler, et de (comme tu le dis si bien) travailler de toute sa personne, tout en ayant une vie équilibrée à côté. Oh comme j'aimerai que ça soit possible! La plus part de mes collègues ont lâché prise, laissent filer les problèmes du boulot pour conserver de l'énergie pour leurs familles - ce que je trouve à la fois sain et dommage. J'espère que tu arriveras à trouver cet équilibre!

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    1. L'équilibre est un art difficile. Il faut que je tienne jusqu'au voyage. Et je pense qu'ensuite ce que je tolère actuellement deviendra intolérable et qu'il faudra que je prenne des décisions ;-)

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  9. J'espère que la situation va s'améliorer rapidement avec l'arrivée de ce renfort ! Je pense que tu ne regrette pas d'avoir quitté ta vie pro précédente malgré les désillusions de ce nouveau poste ! (je ne sais pas si ça peut te faire positiver hein mais c'est toujours ça de pris ;) ). Et puis effectivement, je pense que votre grande aventure qui s'annonce va sans doute faire changer des choses à ton retour ;)

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