Conversations au potager : le potager de Papelhilo



Vous connaissez sans doute ses merveilleux chaussons, ses cousettes colorées, ses bricolages à base de papier. Mais connaissez-vous le potager de Papelhilo?



Quand as-tu commencé ton premier potager? Pour quoi t'es tu lancé(e)?
Dès que j'ai eu "mon chez-moi", j'ai mis les mains dans la terre : plantes d'appartement d'abord (j'avais 23 ans et je venais d'emménager en couple) que je gratouillais assidûment, puis petit potager lorsqu'on a eu notre première maison en 2002. J'ai d'abord eu quelques grosses plates-bandes, que je bêchais même enceinte jusqu'aux yeux de ma première ! Puis une voisine avait eu pitié de moi et m'avait proposé de faire potager commun.
Enfin, à l'arrivée dans ma maison actuelle en 2007, mon cher et tendre s'est attaqué à dégager un bout de la friche qui tenait lieu de jardin pour en faire un potager, et depuis je l'entretiens seule, entre les obligations de la vie de famille nombreuse et mes autres passions ... c'est donc très loin d'être propre, rationnel, régulier ... En plus, la terre est très lourde : il m'a fallu toutes ces années pour maîtriser le bon moment et le bon outil pour remuer la terre avant plantations : je me retrouvais régulièrement avec de grosses mottes de glaise séchée inattaquable ! Je m'y mets en général aux vacances de printemps, puis je suis l'affaire tant bien que mal le long du printemps et de l'été ; mais dès qu'on passe au stade de la cueillette, j'avoue que je néglige totalement le désherbage ! Donc à l'automne c'est la forêt vierge, et chaque année je me dis qu'en y passant 5 minutes plus souvent, ça m'éviterait de "perdre" des légumes au milieu des mauvaises herbes !
Chaque année aussi, je me dis que le résultat (la production) n'est pas vraiment à la hauteur du travail fourni : la météo, les maladies, ma négligence aussi il faut bien le dire ... plombent un peu les espérances.
Pour autant, je n'imagine pas renoncer à ce potager : pour moi, si j'ai la chance (le luxe ?!) de vivre à la campagne, je dois être "digne" de cette richesse que la terre me promet. Et parfois aussi, je me dis que si notre monde moderne s'écroulait, je serais capable de revenir aux gestes fondamentaux de survie (oui je sais, c'est un peu ridicule, mais j'ai été tellement influencée par la lecture du roman Ravages de Barjavel quand j'étais ado !)


Nous montrerais-tu ton potager? 
Concrètement, au fil des années, j'ai misé de plus en plus sur les vivaces : fraisiers (un petit carré dans le potager et des pots un peu partout !), framboisiers (diverses plates-bandes le long des clôtures avec les voisins), groseilliers (rouges et à maquereaux, pour les confitures), rhubarbes (qui poussent divinement bien dans ma région), aromatiques (presque plus pour le plaisir que pour la consommation !) ... J'ai aussi la chance d'avoir un joli petit verger : beaucoup d'arbres étaient déjà là, et j'en ai ajouté d'autres. Nous avons donc cerises, pommes, poires, prunes diverses, figues, pêches de vigne, noix, noisettes. Pour les annuelles, j'avoue que j'ai tellement d'autres passions qui me tiennent à coeur à l'intérieur de la maison en automne/hiver que je ne mets presque jamais de poireaux, choux, oignons (qui nécessitent un suivi sur toute l'année) ... mais seulement des tomates, des courgettes, des courges, des haricots verts ... Les résultats sont assez mitigés d'une année à l'autre, la production reste faible (le sol est très très humide, les arbres ombragent sans doute trop la zone potager, je ne pratique pas assez la rotation des cultures ...).
Sur les photos, on peut voir une expérience tentée cette année pour la première fois : couvrir le sol de cartons (maintenus face au vent par des palettes de récup) pour éviter la prolifération des mauvaises herbes en attendant les plantations ...
On aperçoit aussi mes fraisiers "paillés" à la sciure : ça ralentit un peu la repousse des mauvaises herbes (pas autant qu'on voudrait nous le faire croire, hélas) et l'invasion des limaces et escargots (sur ce point, c'est plutôt efficace).


Quel plaisir en retires-tu?
Et pourtant, malgré les déceptions, c'est un tel bonheur de déguster des produits au goût incomparable ! Je pense en particulier aux fraises : jamais aucune fraise, même sur le marché, bio et tout, ne sera à la hauteur d'une fraise de jardin cueillie à maturité ! J'aime aussi le fait de pouvoir conserver sous diverses formes la "surproduction" : confitures, pâtes de fruits, congélation ... Et enfin, j'aime pouvoir ajouter des ingrédients imprévus dans une recette de base, juste parce que le produit en question me tombe sous la main dans le potager : pommes-fruits dans la soupe de légumes, quiches ou confitures aux herbes aromatiques ... J'aime aussi la sensation de pouvoir cultiver sans chimie (et même si je râle sur mes maigres rendements !), avec de petites astuces ancestrales (purin d'ortie), ou en tirant parti de ce qui m'est offert (crottin de cheval dans le pré d'à côté, paillage avec la sciure donnée par le voisin menuisier, échanges de plantes entre connaissances)
Enfin, à chaque fois que je sors "gratouiller" mon jardin, j'avoue que je me fais un peu violence pour m'extraire de mes activités sédentaires ! Et pourtant, à chaque fois, je savoure le fait de vivre dans un endroit calme où je peux profiter du chant des oiseaux, de la compagnie des chats qui passent d'un jardin à l'autre, parfois de l'aide des enfants que le sujet intéresse, et ressentir cette fatigue gratifiante après avoir travaillé.
Et de façon peut-être plus anecdotique, j'aime bien connaitre les noms botaniques des plantes, leur famille, leurs effets sur la santé ... J'emprunte souvent des livres de jardinage à la médiathèque, et cela m'inspire aussi pour dessiner.


Quel conseil donnerais-tu à un jardinier débutant?
Je n'ai pas vraiment de conseils à donner tant ma pratique est anarchique ! Je peux dire sans fausse modestie que j'en connais un rayon sur le jardinage bio en particulier (j'ai énormément potassé les livres et revues sur le sujet) mais ... je n'applique quasiment rien (honte à moi). Je ne prend pas le temps, au bon moment, pour chaque geste ... Donc je ne suis vraiment pas une référence, au final ! On peut même dire que "je fais n'importe quoi", et je suis bien contente de profiter du rendement du potager des voisins, je l'avoue ^^ Bon, allez, si, la seule chose que je pourrais conseiller, c'est que même dans une petite surface, miser sur les vivaces et même sur les arbres (tous ne deviennent pas nécessairement immenses), c'est toujours une bonne idée : peu de soins à apporter, un rendement plutôt régulier et assez abondant pour troquer avec les voisins ... Selon les régions, ça pourra être les fruits rouges, les légumes comme artichaut, asperge, topinambour, fenouil, oseille ...


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