les mains dans l'argile : toi, nous et la leucémie # 24
Plusieurs fois, en nous connectant
sur les ordinateurs mis à disposition dans les chambres, nous avions été
intrigués par notre prédécesseur « onvagagner@mail.com ».
Papa et moi trouvions poignant et
courageux ce choix d’adresse.
Onvagagner, c’était Lucas. C’était
sa maman aussi, à l’hôpital avec lui. Et c’était ses frère, sœur, et Papa
rester chez eux à Bourges.
Il avait 10 ans et un lymphome
particulièrement virulent.
Et pourtant, soir après soir, il
pliait des bateaux de papier pour t’inciter à prendre ton bain. Il te prenait
sous son aile et jouait pendant des heures.
Rappelle-toi, on trichait de manière
éhontée avec son oncle, en riant fort dans la salle de jeu. Et on riait encore
plus fort en apprenant que celui-ci était procureur de la république.
Le quartier autour de l’hôpital
était un gigantesque chantier. L’hôpital s’agrandissait, créait un centre pour
le cancer du sein, rapatriait le service de réanimation. Toute cette poussière
constituait un risque mortel pour vous, enfants malades et sans défenses
immunitaires.
Et malgré toutes nos précautions, ce
qui devait arriver arriva, et Lucas attrapa une bactérie qui se mit à lui
grignoter les poumons.
Chaque jour, pendant plusieurs
heures, en plus de son traitement, il devait se brancher à un aérosol et
respirer. Personne ne savait exactement combien de temps il lui faudrait se
plier à ce traitement ni s’il avait une chance de prendre le dessus.
J'espère que Lucas s'en est sorti...
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