C., une rencontre manquée

Accueillir un enfant pendant les vacances, cela faisait presque 15 ans que nous souhaitions le faire. Et nous avons réalisé ce souhait en accueillant un grand garçon de presque 7 ans.
Et hop, direction la Baie de Somme.


Attention, esprits angéliques s'abstenir!

Amaury et moi  voulions faire plaisir à un enfant, l'emmener en vacances et lui offrir un parenthèse de dépaysement.
Nous étions tous 4 impatients de connaître C. 
Nous réjouissions d'avance de toutes les aventures que nous pourrions vivre ensemble. Et imaginions pouvoir l'inviter régulièrement le week end.

De rencontre, il n'y eut pas.
C. est arrivé muet, un soir. Il est resté muet le jour d'après et celui d'après également avant de laisser tomber " il n'y a pas de piscine ici, c'est nul. L'année dernière, j'étais chez des gens avec une piscine".

De plaisir évident, il n'y eut pas non plus, toutes les activités passant à la moulinette de la comparaison entre ce que ses frères ou lui avaient eu les années précédentes et ce que nous lui offrions.

Peut-être aurions-nous dû l'accueillir plus longtemps. Mais nous n'avons, Amaury et moi, que 5 semaines de congés et pas de RTT et il nous faut un peu de temps de repos.
Peut-être devrions-nous refaire un essai en demandant à accueillir le même enfant un peu plus tard dans l'année...

Accepter la générosité est extrêmement difficile : elle nous renvoie à nos propres limites. 
C'est bien l'expérience que j'ai faite au service d'accueil et de distribution de colis alimentaires,au Secours Catholique, tout au long de cette année.
Rarissimes sont les personnes qui acceptent l'aide apportée avec sérénité. La plupart maugréent et dénigrent et c'est ainsi qu'ils préservent leur intégrité.

Mais à 6 ans et demi?

Pour celles qui veulent tenter l'aventure, le secours populaire comme le secours catholique cherchent régulièrement des familles d'accueil. Ainsi que l'association Parrains par mille. Si vous voulez plus d'informations, écrivez -moi!



Commentaires

  1. Oui, vouloir apporter une aide n'est pas toujours simple.
    Accepter d'en recevoir une l'est encore moins.
    Vous avez essayé, c'est déjà beaucoup.
    Je prends toujours autant de plaisir à venir sur ce blog, pour la créativité, pour le ton, mais aussi pour les images de ma chère Baie de Somme que je n'ai pas loisir de contempler si souvent.
    Alors, merci!

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  2. Encore un post que je lis avec intérêt,j'aime la "transparence" et la sérénité que dégagent tes mots. Merci pour le partage de cette expérience, je n'avais jamais pensé à ce coté de "accepter la générosité"... A réfléchir...

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    1. J'ai beaucoup réfléchi avant de publier cet article et beaucoup hésité. Mais je suis contente de l'avoir fait!

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  3. Bonjour, bonjour, quand j'étais enfant, mes parents ont accueillis des enfants par le biais du secours catholique pour les vacances d'été. Il y avait déjà ce coté ou les enfants accueillis comparaient leurs cadeaux à la fin des séjours. Sur 3 enfants différents accueillis, 2 sont revenus plusieurs années de suite. Je crois qu'ils appréciaient le coté très simple des vacances chez nous, la petite parenthèse ou ils pouvaient lire sans que leurs frères se moquent, ou juste manger une banane par qu'on leur en avait laissé.... bref, de très beaux souvenirs d'enfants avec eux ! et pour mes parents, ils ont le plaisir, il y a quelques années de recevoir un appel de la première enfant accueillie chez nous. Elle avait retrouvé le numéro au dos d'une photo dans un déménagement. Elle est revenue cette année avec son fils en vacances chez mes parents.... expérience à retentée, mais il est clair que l'alchimie ne se fait pas toujours !

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    1. Bonjour Enora,
      Merci beaucoup pour ton témoignage. Il est porteur d'espoir et d'optimisme. Je suis d'accord avec toi, il faut sans doute retenter l'expérience!

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  4. et puis, qui sait (mais vous, vous ne le saurez peut-être jamais), l'année prochaine il dira aux personnes qui l'accueillent que "c'était mieux l'année dernière" !! ... tout comme le font nos propres enfants aussi, à leur façon ... une certaine forme d'ingratitude qui est un peu de pudeur, un peu de manque de mots, un peu d'orgueil (légitime, j'entend), comme tu le dis ...

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  5. Bonjour Isabelle, je t'ai croisé sur Thread and needles dans une jolie robe en wax ! Et là, encore une réflexion aussi surprenante qu'intéressante. Et puis j'ai découvert tes billets-témoignage sur la leucémie. Que d'émotion et quel travail d'écriture ! Que j'aime ce blog !! A bientôt...

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  6. Quand je suis partie en projet de solidarité au Bénin il y a quelques années, on nous avait dit lors des formations préalables au départ: "Ne pensez pas que tout le monde vous attend là-bas. Ne vous dites pas que vous allez arriver en "sauveurs" et que grâce à vous tout va être plus beau et mieux. Sinon, vous ne vivrez pas pleinement la rencontre et vous passerez à côté de votre projet." Cela m'avait marquée, et j'ai vu en arrivant là-bas à quel point c'était juste. On est arrivés en se disant qu'on avait, dans cette situation précise plus que jamais, tout à découvrir, à recevoir, à profiter, à vivre. Et c'est comme ça qu'on a trouvé comment "donner", au fil des jours sur place. Le lien avec ton article ? Le parallèle entre la difficulté d'accepter la générosité du côté du "bénéficiaire" et le possible sur-investissement du "donateur" qui s'imagine que son action va être reçue positivement, voire qu'elle est presque "attendue" par ceux à qui elle est destinée. Ce qui fait d'autant plus mal quand ce n'est pas le cas. Mais je vous invite à retenter l'expérience, car il serait vraiment dommage de rester avec ce goût amer de rencontrer manquée et de projet "inabouti"... Merci pour ce beau partage d'expériences et cette sincérité (qui démystifie un peu l'accueil d'un enfant pour des vacances) !

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    1. (de rencontre manquée, non de rencontrer manquée ! Faute de frappe !)

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  7. Plus je te lis isabelle, plus j'ai envie de te lire. Cette rencontre manquée et cette reflexion sur la difficulté à accepter la générosité de l'autre font résonner chez moi la position que mes parents et nous, leurs enfants, occupons au sein de nos familles élargies au Sénégal. Nous vivons en Europe depuis des lustres, nous gagnons de quoi vivre confortablement, mon père le premier. Et à partir de là, tout voyage au Sénégal donne lieu à des cas de conscience et à de l'inconfort. On veut aider, améliorer les conditions de vie de nos oncles, tantes, cousines et autres, là-bas. Sauf que c'est compliqué de faire comprendre que c'est avec humilité et dans un esprit de solidarité qu'on le fait. Tout le monde a sa dignité et parfois, on peut paraître se positionner en "supérieur" alors que ce n'est pas le cas.
    Alors, parfois, le éreceveur" équilibre son rapport avec le "donneur" en paraissant désinvolte, au mieux. Ou alors il accepte du bout des lèvres, limite en colère. Ou encore ils exigent leur "dû" chaque mois et, pour certains, "triomphent" en apprenant qu'on ne peut pas les aider plus. C'est... délicat d'accepter de l'aide, d'accepter la générosité. Quand je me mets à la place de ceux qui sont dans le besoin, j'effleure parfois l'idée de l'ampleur du courage qu'il faut pour ne pas baisser les yeux, pour ne pas avoir honte, quand on reçoit...
    Merci pour cette profondeur dont tu fais toujours preuve.

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    1. Merci! Ton compliment me va droit au coeur.
      Et merci pour ta contribution. On l'a lu ensemble avec Amaury, on en a reparlé...Et c'était bien!

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  8. En te lisant et en réfléchissant a cette question, je me rend compte que recevoir n'est pas quelque chose de simple. Moi-même, j'ai du mal a recevoir de l'aide d'autrui quitte a me montrer désagréable ou désinvolte.
    Pour en revenir a C. peut-etre qu'il dira l'année prochaine aux personnes qui le recevront, "c'est nul chez vous, vous n'avez pas de maison de vacances au bord de la mer".

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